De nombreuses questions quand à l’immunité possible suite à une infection par le coronavirus restaient en suspend pour les formes mineures. Après avoir été infectés, développons nous des anticorps même si la première contamination était minime ? Notre corps est-il à même de répondre à une nouvelle agression ? Des équipes du CHU de Strasbourg et de l’Institut Pasteur ont réalisé une enquête auprès du personnel hospitalier des deux sites des Hôpitaux Universitaires Strasbourg afin de comprendre comment fonctionnent nos anticorps dans les formes mineures du COVID19.
Grâce à la participation de 160 personnes, atteintes de formes mineures de la maladie Covid-19, les chercheurs ont pu constater que près de la totalité des malades ont développé des anticorps dans les 15 jours suivant le début de l’infection. Par ailleurs, chez 98% d’entre eux, des anticorps neutralisants ont été détectés après 28 jours. Cela tend à prouver que, même pour les formes mineures de la maladie, les personnes atteintes développent des anticorps qui pourraient leur conférer une immunité pendant plusieurs semaines suite à l’infection.
Ces résultats ont été publiés sur le site MedRxiv qui regroupe les archives de prépublications consacrées à la recherche médicale. La plateforme restitue gratuitement des manuscrits complets mais non encore publiés dans le domaine de la santé et de la médecine. MedRxiv est détenue et gérée par le Cold Spring Harbor Laboratory (le CSHL est un laboratoire privé sans but lucratif), et a été créée en juin 2019 avec la contribution de la société BMJ (éditeur du British Medical Journal) et de l’université de Yale.
Le personnel médical volontaire
Des équipes du CHU de Strasbourg et de l’Institut Pasteur ont étudié 160 volontaires, membres du personnel hospitalier des deux sites des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, infectés par le COVID19 (et diagnostiqués positifs par PCR) et qui ont développé des formes mineures de la maladie n’ayant pas nécessité une hospitalisation.
La présence d’anticorps anti SRAS-CoV-2 a été mesurée par deux techniques, un test de diagnostic rapide et un test mis au point par l’Institut Pasteur (appelé S-Flow). L’activité neutralisante des anticorps a été mesurée avec un test dit de neutralisation de pseudovirus. Le délai médian entre l’apparition des symptômes et le prélèvement d’échantillons sanguins était de 24 jours (entre 13-39 jours). Le test immunodiagnostic rapide a détecté des anticorps dans 153 (95,6%) des échantillons et le test S-Flow dans 159 (99,4%). Des anticorps neutralisants (anticorps capables de traiter le virus) ont été détectés dans 79%, 92% et 98% des échantillons prélevés, respectivement 13-20, 21-27 et 28-41 jours après le début des symptômes.
L’activité neutralisante du virus augmente avec le temps
« On savait que les personnes atteintes de formes sévères de la maladie développaient des anticorps dans les 15 jours qui suivaient le début des signes. On sait maintenant que c’est également vrai pour ceux qui font des formes mineures, même si les taux d’anticorps sont vraisemblablement plus faibles »
commente Arnaud Fontanet, un des auteurs de l’étude et responsable du département Santé globale à l’Institut Pasteur.
« Notre étude montre que les niveaux d’anticorps sont, dans la plupart des cas, compatibles avec une protection contre une nouvelle infection par SRAS-CoV-2, au moins jusqu’à 40 jours après le début des signes. L’objectif maintenant est d’évaluer sur le long terme la persistance de la réponse anticorps et sa capacité de neutralisation associée chez ces personnels soignants.»
déclarent Timothée Bruel et Olivier Schwartz, respectivement chercheur et responsable de l’unité Virus et immunité à l’Institut Pasteur.
« Les résultats de cette étude sont très encourageants pour les personnes déjà infectées par le virus car même en ayant développé une forme légère de la COVID19 elles sont capables de générer des anticorps protecteurs qui sont présents au moins 40 jours après le début des symptômes, reste à vérifier leur persistance dans le temps. Ces résultats sont également une bonne nouvelle pour les futures stratégies vaccinales »
conclut le professeur Samira Fafi-Kremer, chef du service virologie des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg et première auteure de l’étude.