Patricia Gruffaz a rejoint Biovalley France l’année dernière pour monter, diriger et structurer le MedUniq Center. Cette ingénieure en biomatériaux et biomécanique, grenobloise d’origine, est installée à Strasbourg depuis 2007 avec sa famille. Elle partage avec nous sa vision de ce centre, ses ambitions et son rôle nouveau au sein de l’écosystème.
Au cours de son cursus scolaire, Patricia a toujours été attirée par les métiers de la santé, sans vouloir pour autant être en première ligne dans le soin, mais plutôt dans l’ingénierie. C’est pourquoi lors de la présentation de l’Université Technologique de Compiègne, elle entr’aperçoit une ouverture technique mais toujours dans l’optique de soigner, d’apporter quelque chose de concret aux patients.
Après avoir fait ses premières armes au sein de Medtronic puis de Medicorp (Bolton Medical) en tant que Cheffe de projet R&D et directrice Production, elle souhaite s’investir dans une structure où elle peut s’épanouir sur tous les plans.
“Les grandes sociétés sont formatrices mais nous n’apportons notre pierre à l’édifice que dans notre spectre d’activité. On ne voit pas la finalité du produit, ni son application. C’est pourquoi lorsqu’un ancien collègue m’a parlé de son projet de monter une structure et m’a proposé de le rejoindre, j’ai sauté le pas de structures établies”
Un aller simple du grand groupe à la startup
C’est donc ainsi, qu’à deux, la startup Cardiatis nait en 2002. Patricia en est la 1ère salarié et va, avec le fondateur, structurer la société de l’idée à la mise sur le marché d’implants cardio-vasculaires. Des dispositifs médicaux de classe 2b et 3, les plus contraignants pour le marquage CE, sur plusieurs indications.
Preuves de concept, mise en place du système qualité, clinique, marquage CE, industrialisation et mise en fabrication, congrès, recrutements, … Patricia est sur tous les fronts et adore ça. Briser les routines et se dépasser au quotidien pour défendre le projet auquel elle croit.
De 2 ils seront, 15 années plus tard 35, avec un site de production local, des implants marqués CE et commercialisés, une ouverture vers l’international notamment en Amérique et en Asie.
En route vers de nouveaux défis
Cette polyvalence des missions, qui lui ont permis de comprendre l’ensemble des étapes nécessaires à la mise sur le marché a été son moteur quotidien.
Après 23 années de positions managériales dans l’univers des entreprises Medtech, elle décide de se lancer dans une nouvelle aventure. Mais pas n’importe laquelle. Toujours motivée par l’apprentissage, elle décidera de passer en cours du soir un Master Management et Administration des Entreprises à l’EM Strasbourg en 2019. Ne jamais arrêter d’apprendre est le modus operandi de Patricia.
BioValley France et le MedUniq Center
« Chaque startup, avec ses chemins et objectifs propres, rencontre des étapes similaires. Autant faire profiter tout le monde des connaissances apprises durant mes expériences »
Patricia intègre le MedUniq Center via le pôle de compétitivité BioValley France en septembre 2020, en tant que Directrice.
Le projet consiste à établir des moyens techniques, une structure fédératrice d’entreprises et une méthode donnant à la région Grand Est une visibilité et un rayonnement national et international. Le MedUniq Center se matérialise par l’implantation au sein de nextmed d’une plateforme de mutualisation de compétences techniques à travers un centre de prototypage et un accompagnement personnalisé allant de l’idéation à la mise sur le marché de dispositifs de toutes classes.
Cette mutualisation de ressources permet une coordination de l’offre et de la demande entre les entreprises innovantes et les sous-traitants dans le domaine des dispositifs médicaux. Cette nouvelle unité apporte, aux innovateurs, un support technique combiné à une prise en compte des exigences réglementaires, médicales et industrielles.
L’équipe du MedUniq Center va donc permettre aux innovateurs d’ajuster leur cadre, de trouver leur process. Ils se positionnent comme « tiers de confiance » et/ou « maître d’œuvre » à toute étape du cycle de développement du produit et de l’entreprise.
Patricia met un point d’honneur à ne recruter que des ingénieurs qui sont passés par le format startup ou entrepreneurial. Ils sont actuellement 4 et l’équipe grandira encore au cours de l’année 2022. Tous les profils ont un fort bagage technique (R&D, mécanique, robotique, électronique, logiciel, qualité, réglementaire, …).
Depuis que le MedUniq Center est opérationnel, 11 missions sont suivies par Patricia et son équipe. Qu’ils soient startuppers ou académiques, il s’agit d’innovations et de problématiques distinctes et un niveau de maturité différent.
Les filières techniques se conjuguent au féminin
Bien que nous assistions de plus en plus à l’émergence de femmes dans des filières technologiques de pointe, elles restent minoritaires. Les femmes représentent 41,7 % des postes scientifiques ou d’ingénieurs en Europe. Un phénomène que l’on retrouve au niveau mondial.
« Les femmes sont souvent plus franches, plus humbles, c’est ce qui rend la position délicate. Elles ont tendance à ne pas forcément se mettre en avant, estimant souvent que la reconnaissance de leur travail et implication passe par la démonstration et leur capacité à faire. Il est tout de même plus facile de s’imposer, en tant que femme, dans le secteur de la santé par rapport à d’autres filières techniques, mais beaucoup reste à faire. J’ai quand même envie de dire que tout reste possible si on en a vraiment envie. Les seules réelles limites sont celles que l’on se donne. La légitimité et la crédibilité des femmes « ingénieuses » et « entrepreneures » est indéniable. Les choses changent grâce à de nouvelles générations. Continuons à lutter contre les barrières mentales, ayons confiance en nous et osons mettre de la visibilité sur nos actions.
Pour contacter Patricia et l’équipe du MedUniq Center :
07 88 55 23 76
patricia.gruffaz@meduniqcenter.com
L’Eurométropole de Strasbourg assure une participation, avec un versement à hauteur de 7 M€ et un rachat des deux anciens bâtiments ORL et Blum, à l’issue de la concession à hauteur de leur valeur non amortie, soit environ 17 M€.
